D’importants dérèglements hormonaux touchent notre vignoble cette année, la raison en serait une nouvelle molécule anti-pourriture grise utilisée depuis deux ans. Explications!
C’est con, on était bien parti
Le climat et la météo sont idéaux en ce début d’année 2015. Tout était réuni pour que nos vignes se portent au mieux et présentent une superbe qualité de raisins. Mais une grande nouveauté en a décidé autrement cette année!
Un fongicide, c’est quoi et ça sert à quoi?
La grande nouveauté en question, ce sont les effets d’un fongicide utilisé l’année dernière. Un fongicide, pour décriminaliser un peu le terme, c’est littéralement un anti-champignons. La pourriture grise, Botrytis de son petit nom, est ZE champignon qui attaque les raisins et peut détruire une récolte si aucune précaution n’est prise. Il existe différents moyens de limiter les risques de pourriture, parmi eux la maîtrise de la vigueur de nos vignes, les différents travaux d’aération des grappes et les traitements préventifs.
Le Moon Privilege, une molécule prometteuse, et pourtant…
Tout comme dans les cantons de Vaud et de Neuchâtel ou en Allemagne, les dégâts sont importants sur les parcelles genevoises traitées avec le produit que tout accuse: Moon Privilege, de l’entreprise Bayer.
La molécule active de cette nouvelle gamme de produits, c’est le Fluopyram. Cette nouvelle génération, dont le Fluopyram est la molécule ambassadrice, a été développée dans l’optique d’améliorer de manière significative l’efficacité de la lutte contre les champignons (Botrytis, Oïdium). Donc dans l’idée de permettre une diminution des traitements dans les parcelles tout en gérant le risque plus efficacement, soit moins de passages avec les machines.
Résultats attendus: moins de passage machines, meilleur bilan écologique, meilleure protection du vignoble.
Résultat constaté, pas la même histoire…
À la fin mai, de sévères problèmes de vigueur ont été constatés. À ce stade, les symptômes ne pouvaient s’observer autrement que par un manque de vigueur, car aucune grappe n’était sortie et donc visible. Au fur et à mesure de l’avancement des stades phénologiques, des feuilles déformées, des fleurs qui se ratatinent et des grains qui grossissent très mal et de manière différente sur la même grappe ont été observés.
La gravité des symptômes varie fortement en fonction des différents cépages de notre exploitation. Mais de manière générale, la floraison a été fortement touchée et de grandes différences de maturité affectent les grains d’une même grappe, ce qui rendra très compliqué la maturation optimale et les vendanges, dont la haute qualité que nous visons chaque année sera soumise à une attention particulière au tri et à la sélection des raisins.
On peut supposer une diminution des volumes, mais également une qualité altérée pour nos vins haut de gamme. Et tout ça, c’est sans compter les dégâts en termes d’image auprès de nos clients. Bref, ça annonce de grandes discussions avec la firme allemande, qui pour l’heure ne se cache de rien et joue le jeu pour éclaircir ce mystère avéré à l’échelle internationale.
Quelles réponses apportées?
Au jour d’aujourd’hui, nous avons déjà reçu la visite de plusieurs spécialistes internationaux de la maison Bayer. Les raisons de ces réactions ne s’expliquent pas encore, et les premières analyses montrent qu’une contamination des emballages de certains lots (le scénario favori jusqu’à présent) n’est pas en cause. Bayer Suisse a communiqué, le 22 juin, qu’elle conseillait, «par mesure de précaution», de ne plus utiliser son produit dans le cadre de la viticulture. Des analyses sur des échantillons de vignes touchées sont actuellement en cours, et les premiers contacts ont été établis avec AgriGenève et les différentes associations de défense des intérêts professionnels et la maison Bayer.
Affaire à suivre!
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